Modeste correcteur

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lundi 1 janvier 2024

Un modeste correcteur

L’expression est consacrée : un correcteur est modeste.

C’est un adjectif qui lui est souvent accolé : commisération
ou vague mépris pour une tâche peu connue et pas toujours
bien admise ?

Peu importe, car un bon correcteur, qui est souvent une bonne
correctrice, se doit d’être modeste. Accomplir sa mission en silence
sans chercher la reconnaissance.

Il ne fait que son métier en rendant lisible voire agréable ce qui
lui passe devant les yeux.

Mais à force d’être modeste, le correcteur se fait oublier. Le résultat
est parfois drôle, mais ce n’est finalement pas bon, ni pour lui,
ni pour les lecteurs, ni pour ceux qui écrivent.

Alors il faut parfois sortir de l’ombre, après coup, en demandant :
« Et si un modeste correcteur avait lu cela ? »

Cela se serait passé différemment, car par ses interrogations,
ses doutes, le correcteur aurait stimulé le collectif qui œuvre
autour de toute publication.

 

jeudi 28 septembre 2023

Virus piqueur

Le moustique-tigre fait l"actualité de l'automne. Mais nos connaissances de l'insecte sont encore incertaines, comme le prouve cet article de France 3 Bretagne.

Une lecture trop rapide pourrait inquiéter, la dengue sévirait en Bretagne :

Mais en réalité, il s'agit sans doute du moustique-tigre qui est « bien installé », en tout cas, ce n'est pas le virus de la dengue :

Une erreur arrivant rarement seule, on peut revenir sur cette affirmation d'un moustique-tiqre « bien installé en Bretagne ». L'article présente une carte qui semble montrer le contraire, sauf à considérer que la Bretagne se limite à l'Ille-et-Vilaine.

mercredi 27 septembre 2023

Pan sur le pouce

Alors que son nom est évocateur de son aspect, le pouce-pied, un crustacé comestible, est régulièrement orthographié pousse-pied.

France 3 Bretagne n'échappe pas au phénomène :

Après une vérification dans le Larousse, et alors qu'on s'apprêtait à épingler l'article du média régional, un doute est survenu. Et à raison, puisque le Robert, dans sa première définition du mot pousse-pied, renvoie à pouce-pied. Donc cette orthographe est validée par l'autre dictionnaire de la langue française, on peut l'écrire des deux façons.

Quant au pousse-pied « véritable », ce petit bateau que l'on pousse avec le pied, il n'en sortira pas plus célèbre de la vase où il se complaît.

vendredi 22 septembre 2023

Né quelque part

Les mots ont un sens, mais il arrive fréquemment que celui-ci devienne approximatif.

L'adjectif natal prend ici un sens plus large que la seule naissance, puisque l'article se poursuit ainsi :

Donc, un humoriste né en Gironde de parents bretons mais qui a passé toute son enfance en Bretagne est natif de Bretagne. La migration permet une renaissance, en quelque sorte.

mardi 19 septembre 2023

Une traduction empruntée

On déplore dans ce blog le manque d’utilisation des correcteurs, visible dans la façon dont sont publiés en ligne des textes pour le moins perfectibles. Mais on pourrait aussi parler de la disparition des traducteurs professionnels, qui accentue les risques d’erreurs dans les textes.

Ouest France publie un « long entretien » avec Dave Goulson, un spécialiste des pollinisateurs, qui laisse entrevoir quelques difficultés liées à la traduction.

 L’impression générale d’un texte mal traduit se fait tout de suite sentir. Le texte est compréhensible, mais il n’est pas fluide. Un traducteur est un quasi-auteur, ce n’est pas un hasard si de nombreux auteurs sont traducteurs et vice versa.

Ce manque de naturel, le titre l’illustre bien : « Le monde ne fonctionnera pas sans eux » Fonctionner peut s’écrire ici, mais dans une version plus fluide, on aurait pu écrire « Le monde ne pourra se passer d’eux », par exemple.

Dans le chapeau, il est écrit : « Les insectes représentent 70 % des espèces vivantes »

Ce choix de présenter un pourcentage se veut percutant et objectif. Mais un pourcentage est toujours discutable. A propos des insectes, le Muséum national d'histoire naturelle, (MNHN) précise que « cette grande famille apparue il y a 400 millions d’années […] représente 80 % des espèces animales ». De son côté, Wikipédia avance que « les insectes constituent 55 % de la biodiversité des espèces et 85 % de la biodiversité animale (définie par le nombre d'espèces) ».

Tous ces chiffres nous invitent donc à préciser de quoi on parle : de toutes les espèces ou des seules espèces animales ? Ce pourcentage se réfère-t-il au nombre d’espèces ou aux populations totales des espèces ?

Dans ce paragraphe, toujours cette impression pesante d'une traduction mot à mot, dans la question comme dans réponse. Et quand ce n"est pas la construction, c'est le vocabulaire qui fait tiquer : « la « boîte à lunch » est plus british que la boîte à repas mais moins que la lunchbox chère au cinéaste Ritesh Batra. Mais ce qui gêne ici, surtout, ce sont ces différents temps bien mal assortis.

Là encore, c’est bancal. On dirait plus facilement : « En devenant adulte, les gens prennent peur des insectes. »

Si on compare le texte d'Ouest France à une interview du même Dave Goulson parue dans Libération au printemps dernier, la différence d’éditorialisation saute au yeux :

vendredi 15 septembre 2023

Compagnon agressif

jeudi 14 septembre 2023

Une double secousse

C'est un classique du genre, mais il est plutôt étonnant de le trouver en titre du Monde :

Pourtant, comme le conseille notre ami Larousse :

Le Monde aura beau jeu de dire que c'est une tribune, mais l'usage veut que les textes des tribunes soient aussi corrigés.

mercredi 13 septembre 2023

« Ouest France » récidive


Ouest France relate un fait divers en s'appuyant sur un article paru sur le site internet de la British Broadcasting Corporation (BBC), qu'elle qualifie de « média américain ». Confusion avec la chaîne de TV American Broadcasting Company (ABC) ? Shocking !

vendredi 8 septembre 2023

Viande froide ou tartare au galop ?

Visiblement, la mort de Jacques Julliard, annoncée ce vendredi 8 septembre, a pris de court la rédaction d'Ouest France, qui a mis en ligne un article qui dénote une volonté d'aller très vite, voire au galop.

Un père révoqué par Pétain en 1949 ?  L'historien Julliard doit se retourner dans sa tombe.

Il baigne dans un bain politique ? Ben voyons, on n'est pas à un pléonasme près.

Quant à la syntaxe de l'article, elle laisse aussi à désirer. Contrairement à ce que suggère cette phrase, Jacques Julliard n'est pas devenu directeur du volatile, mais c'est bien son fils qui l'est devenu.

vendredi 3 mars 2023

Une prétendue neutralité

Du bon usage du mot « prétendu », ces sortes de pincettes.
Si « prétendre » et « affirmer » peuvent être des synonymes,
il y a une nuance de taille entre les deux mots. On utilise
le second terme de façon neutre, mais le premier porte
en lui une certaine part de suspicion.

Dans le premier exemple, on doute clairement de ce que le dit le Kremlin quand il annonce une incursion militaire sur son territoire. Pourquoi ne pas douter, quand les éléments factuels sont encore peu clairs. Pas de neutralité vis-à-vis de la « victime » potentielle, mais une méfiance face à l'utilisation éventuelle d'un « coup tordu » dans la guerre de l'information, le président russe usant régulièrement du mensonge comme arme politique.

Le second exemple est publié le même jour, dans un tout autre contexte. Le Monde nous apprend la mise en examen d'un footballeur du PSG.

Un titre à rallonge qui étale le statut social d'un joueur du prestigieux club parisien et leader d'une sélection qui vient de briller à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Puis un chapeau qui ressemble à une mise en question des affirmations de la victime avec l'usage du verbe « prétendre ». Un parti pris en faveur
du joueur plus qu'une relation neutre d'un événement.

dimanche 13 août 2017

Un histoire de radical

Le Figaro n'est pas le seul média à avoir utilisé ces termes, laissant penser que le mot audible a été prononcé en premier lieu par les sources judiciaires ou policières de la presse. Si le mot auditionnable est absent des dictionnaires, il est répandu dans l'usage judiciaire. Alors, à moins que le suspect ait reçu une balle dans la mâchoire ou ait perdu sa voix, on préférera ce mot.

Les suffixes -ible et -able traduisent tous deux la capacité à faire quelque chose, la possibilité. Ce qui, ici, fait la différence, c'est le radical choisi : audi (“écouter”, “entendre” en latin) et audition, comme dans l'audition d'un témoin, d'un suspect. Le nom à donner un sens supplémentaire au verbe auditionner, puis a créé, à l'usage, le mot auditionnable.

Arte enterre le h

Un casse qui casse le mythe.

samedi 12 août 2017

Le meilleur du fruit

Les erreurs d'aiguillage n'existent pas seulement pour les trains. Il arrive que la langue fourche et choisisse le mauvais mot pour faire l'accord. C'est d'autant plus vrai à l'oral qu'à l'écrit, mais cela arrive aussi :

C'est le fructose et non les fruits qui est meilleur.

vendredi 7 novembre 2014

Sans décoder !

Ce n’est pas une publicité pour Ikea et une de ses nouvelles collections :





On a connu cela aussi avec l’impression sur papier, un rendu
sur la feuille inattendu, alors que la forme composée était correcte.
Cela devient plus rare sur un support numérique, mais c’est bien
la preuve que, là encore, un dernier coup d’œil sur le résultat final
est nécessaire, même si c’est fatigant et, pense-t-on, inutile.
La multiplicité des codes, des logiciels et des supports de travail
entraîne quelques surprises.

mardi 28 octobre 2014

In nomine verbi

Non, le Ballon d’or de football 2014 n’a pas été attribué à deux
footballeurs français comme l’annonce le fil info du Monde.


Si ces deux joueurs ont bien été nominés, c’est-à-dire sélectionnés
pour faire partie de la liste finale des candidats, ils n’ont pas été
nommés, soit désignés vainqueurs.

vendredi 24 octobre 2014

Pause selfie

Dans un monde où chacun prend la pose, il n’est pas facile
de prendre une pause hors des objectifs. C’est pourtant
ce qu’a réussi à faire un illustre inconnu, bien aidé par Le Figaro.


Pas le genre du pays

Après Picard, qui ne savait plus quel était son genre,
voilà que Libération s’y met à son tour à propos
de l’Irak :



Une fois encore, le contrevenant est aidé par l’AFP.

mercredi 22 octobre 2014

Marseillaise mal à l’aise

La 17e chambre du TGI de Paris est spécialisée dans les délits
par voie de presse. Alain Soral y comparaissait le 17 octobre,
accompagné par ses bruyants partisans. Est-ce l’ambiance
des tribunes d’un match de foot qui fait écrire au journaliste
de Marianne :


Les supporters de foot parisiens ont bien une chanson qui
commence par Marseille, mais cela a bien peu à voir avec
l’hymne national dont il est plus loin question dans l’article
de Marianne.

mardi 21 octobre 2014

Le bal des débutants

Voilà une ville dont le nom prête d’habitude à de nombreuses
potacheries, mais Ouest-France lui donne ici une apparence
plus sérieuse.




En remplaçant le circonflexe par un tréma, c’est un coup
de froid qui s’abat sur la cité suisse. On l’imagine alors
volontiers située dans un pays scandinave, où jouer
à la balle est garanti sans tour de Rhin.

lundi 20 octobre 2014

Ce n’est pas un référé

Parmi les débats entourant la sortie du dernier livre
d’Eric Zemmour, la question du rôle du gouvernement
de Vichy vis-à-vis des Juifs a amené des historiens
à se prononcer dans la presse. Ainsi, le Journal
du dimanche
a interrogé Alain Michel, auteur de Vichy
et la Shoah, enquête sur le paradoxe français
.
Parmi les questions posées, un petit problème
de réécriture est resté visible :



Au passage, on notera que le mot juif est dans ces deux titres
orthographié avec une minuscule. Un choix discutable puisqu’on
peut raisonnablement penser que le mot dépasse les frontières
du religieux pour concerner la nationalité. Selon nous, la capitale
paraît donc plus appropriée.

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